Nous nous sommes entretenus avec le Dr Olivier Tostain, chirurgien du genou et du sportif, mais aussi cycliste passionné, pour évoquer l’impact du vélo sur le genou et plus particulièrement sur l’arthrose. Fort de son expérience médicale et de sa pratique personnelle, il nous apporte un éclairage précis sur le rôle du vélo : moyen de prévention, outil de rééducation ou facteur de risque ? Entre données scientifiques et observations cliniques, il nous aide à mieux comprendre la relation entre cyclisme et santé articulaire.
Introduction
En tant que chirurgien du genou et du sportif, et pratiquant passionné, je suis fréquemment interrogé par mes patients sur l’impact de la pratique du vélo sur le genou et en particulier sur l’arthrose. Les questions portent sur la pratique du vélo en tant que moyen de prévention, en tant que risque pour les articulations, mais aussi comme moyen de rééducation ou de réathlétisation après une intervention chirurgicale.
Pour rappel, l’arthrose correspond à l’usure progressive du cartilage d’une articulation. C’est un phénomène dégénératif progressif avec les facteurs de risque lié au patient (génétique, héréditaire, environnementaux) mais aussi acquis : traumatisme, blessure sportives, surpoids. Sa prise en charge médicale est au début des symptômes fonctionnelle, puis elle peut nécessiter des infiltrations, de la rééducation. En dernier recours le traitement est chirurgical avec mise en place de prothèse de genou ou de gestes spécifiques sur le cartilage.
Le vélo est un mode de vie, une source de plaisir et un allié précieux pour notre santé. De nombreuses publications scientifiques abordent ce sujet de la relation entre sport et arthrose. Penchons nous sur une publication de la revue Medicine & Science in Sports & Exercise. Celle- ci démontre que la pratique du vélo au cours de la vie entière d’un individu a un effet protecteur et peut aider à diminuer les douleurs et prévenir l’apparition de lésions articulaires
Les faits de l’étude
Les chercheurs ont comparé deux populations sur une longue durée, l’une pratiquante de vélo et l’autre non, en étudiant l’état de leurs genoux à l’aide de radiographies et de questionnaires sur la douleur. Les résultats sont sans appel :
- Les personnes qui ont fait du vélo souffrent moins de douleurs au genou.
- Elles présentent moins de signes d’arthrose visible à la radiographie.
- Elles ont également une incidence plus faible de l’arthrose dite « symptomatique », c’est-à-dire qui combine à la fois des douleurs et des dommages visibles.
Par ailleurs : l’étude suggère un effet cumulatif : plus on pédale au fil du temps, plus les bénéfices pour les genoux sont importants. Cela montre que le vélo n’est pas seulement un traitement, mais aussi un formidable moyen de prévention !
Le vélo comme allié contre l’arthrose ?
Contrairement aux sports à fort impact comme la course à pied, le vélo est une activité dite « portée ». Cela signifie que les articulations du membre inférieur, la hanche et le genou, ne subissent pas le poids du corps. Cela minimise le stress mécanique appliqué sur les articulations. Par ailleurs, les muscles périarticulaires qui entourent le genou (quadriceps, ischiojambiers, etc.) se renforcent et s’assouplissent, stabilisant l’articulation et la rendant plus mobile. Un genou mobile est généralement un genou qui va bien !
Et dans un contexte de chirurgie ?
En pratique quotidienne, j’ai l’habitude d’encourager la pratique du vélo chez les patients qui souffrent du genou : que ce soit avec des objectifs sportifs, mais aussi dans un but de renforcement musculaire avant une intervention chirurgicale. Surtout, le vélo est un excellent moyen de rééducation qui peut être utilisé rapidement après une chirurgie simple ou complexe du genou comme la reconstruction des ligaments croisés, la chirurgie des ménisques ou la mise en place de prothèse de genou. Il en va de même pour la chirurgie de la hanche. En effet, le cyclisme permet une récupération douce des amplitudes articulaires, est un bon moyen de renforcement de tous les muscles de la jambe et est peu traumatique. Il est pour moi clairement un allié de prédilection pour l’ensemble de mes patients. . C’est souvent une des premières activités physiques qui est possible en extérieur.
Le mot de la fin
À mon sens, le vélo n’a pas d’égal en termes d’activité physique pour les patients souffrant du genou, comme moyen de prévention, comme activité sportive occasionnelle ou intensive mais également comme moyen de récupération si besoin ! Chez Origine, nous le savons et mettons un point d’honneur à prendre en considération ces particularités individuelles inhérentes à chaque pratiquant, au travers de la personnalisation et du choix d’un matériel adapté.
Dr Olivier Tostain
Chirurgien orthopédique
Chirurgien orthopédique dans le groupe Nord genou, à Lille, il est spécialisé dans la chirurgie du genou chez le sportif. Il prends en charge les lésions ligamentaires (rupture des ligaments croisés), méniscales et les pathologies dégénératives de l’adulte. Cycliste depuis de longues années sur tous les terrains et passionné de technique, nous sommes fiers de collaborer avec lui pour bénéficier de son expertise scientifique et de son analyse sur les sujets vélos et santé.
