Découvrez l’histoire de Fabrice Hupel. Transplanté d’un rein depuis maintenant 16 ans, Fabrice a réalisé un exploit en bouclant les 1060 kilomètres et 19500m de dénivelé positif de ce BikingMan AURA au cintre de son Graxx.
Un combat en l’honneur de son donneur envers qui il porte une immense reconnaissance. Un combat pour une cause nationale : le don d’organes.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Fabrice Hupel, j’ai 46 ans et j’habite au Pradet du côté de Toulon. Je suis employé logistique dans une grande surface de bricolage.
Dans un premier temps j’ai fait une vingtaine d’années de rugby dans la région toulonnaise. J’ai toujours aimé le vélo en parallèle. Le vélo était naturellement un complément d’entraînement. Cela m’a toujours plus et passionné en parallèle du rugby.
Quand je suis tombé malade, j’ai arrêté ma carrière rugbystique, pour me mettre qu’au vélo qui est un sport beaucoup moins traumatisant.
Peux-tu nous en dire davantage sur ta maladie ?
Je suis tombé malade quand j’avais une trentaine d’années. On a passé un test à l’effort et des tests sanguins quand j’étais à haut niveau en rugby, et il s’avère qu’ils ont trouvé des résultats anormaux dans les urines. On a cherché le pourquoi du comment et il n’y avait pas beaucoup d’alternatives puisque le cœur allait bien. Donc avec des analyses complémentaires on s’est rendu compte que le rein ne filtrait quasiment plus. C’est pour ça que j’avais des maux de tête à répétition, de l’hypertension et à la limite de la septicémie. Le sang s’empoisonne car le rein ne filtre pas.
Les médecins m’ont dit que d’ici mes 35 ans je serai greffé. J’ai été dialysé pendant un an et demi. J’ai été appelé deux fois pour une greffe, mais je n’étais pas compatible après toute une bataille d’examens. Et le 30 octobre 2005 j’ai été appelé et cette fois c’était bon pour moi. J’en ai encore des frissons.
Je suis allé en urgence à Nice, je suis resté 15 heures sur la table d’opération, puis je suis remonté en chambre et plus ça avançait dans le temps, mieux ça allait. C’était une période assez difficile.
Puis, je suis resté 15 jours en chambre stérile, un mois à l’hôpital, et trois mois en convalescence. Je suis remonté sur le home-trainer. Mon néphrologue me disait que j’étais fou, mais pour moi, le sport m’a aidé à avancer.
Comment vis-tu aujourd’hui ?
J’ai un traitement anti-rejet, à vie. Cela fait 17 ans que j’ai mon greffon. À partir de 10 ans, il commence à s’essouffler. Ce traitement engendre une fatigue chronique. Une personne normale a des jours où elle est fatiguée, et bien pour moi c’est décuplé. Ce traitement fatigue.
Il va falloir que je fasse attention pendant le BikingMan de ne pas être dans l’euphorie de la course. Je dois prendre mon traitement comme il faut. C’est un traitement qui est vraiment lourd, à prendre à heures fixes.
D’où vient l’idée de se lancer dans l’ultracyclisme ?
On s’est rencontré avec Denis Morino, à l’école de vélo de nos enfants. On a commencé à rouler ensemble. Il m’a embrigadé sur quelques courses Ufolep, des cyclosportives, des cyclo-cross, etc. J’ai toujours fait cela à mon niveau, car j’ai un traitement contre la tension pour ne pas faire monter le cœur.
Puis un jour, il me dit « Viens, on va faire le BTR » et je lui ai dit d’accord. En 2018, on a fait la Born to Ride des Phares, de Paimpol à San Sebastian. On a fait ça en fixie, mais c’était relativement plat avec 4000m de D+ sur les 1200km.
J’ai bien accroché avec l’ultra parce que je ne fais pas monter mon cœur. Je le fais totalement à mon rythme. L’ultra distance fait que ça me convient. Je sais que je mettrai le temps qu’il faut.
Quelle est préparation et quel est ton matériel pour le BikingMan ?
J’avais suivi Axel Carion sur les réseaux et ça m’avait donné bien envie. Grâce à Origine qui m’a soutenu, on s’est dit que l’histoire pouvait être belle si je le finis. Côté préparation depuis novembre 2021 jusqu’à début août 2022, j’ai fait quelques sorties assez longues. Je me suis entraîné plus au moins correctement, entre le travail et la famille.
Je roule sur le Graxx. En termes de braquets, j’ai mis très souple vu le dénivelé qu’il y a sur l’épreuve. J’ai mis un plateau de 38 dents devant, et une cassette de 11-46 derrière. Je suis en Prymahl et j’ai une roue dynamo.
Quel est ton état d’esprit à quelques heures du départ ?
Je suis serein. Je ne vais pas dire que je n’ai pas d’appréhension, ce serait mentir. Je me connais par cœur. Il faut que je fasse attention à plein de choses. Je ferai les choses correctement, en faisant surtout attention à l’hydratation.
Je dois prendre mon traitement à 8h du matin et 20h le soir. Je dois être hyper rigoureux sur ça. Après, je sais que je serai plus fatigué que d’autres. Ce n’est pas grave, je m’arrêterai à l’ombre. Et comme dirait ma femme, l’objectif est de finir, ce n’est pas grave si j’arrive hors délais. Le tout c’est de passer la ligne d’arrivée.
Me connaissant, je vais passer par tous les états. Je le sais très bien.
L’objectif c’est de finir. Et surtout, chaque coup de pédale, ce sera pour la personne qui est là-haut et qui m’a sauvé. Si j’arrive à finir en étant une personne greffée, je serai peut-être un bon représentant du don d’organe à mon niveau.
Quel est le message que tu veux faire passer ?
Même avec une pathologie, on peut aller jusqu’au bout, on peut le faire. Quand la tête veut, le corps peut, même avec une pathologie. Ça va être dur, mais ça va le faire.
J’ai créé une association pour promouvoir le don d’organe à travers le cyclisme : Pédalons pour le don. Nous sommes tous de potentiels donneurs, il faut savoir en parler à sa famille pour sauver d’autres vies.
L’objectif est de sensibiliser les gens sur le don d’organe.
Fabrice est finisher du BikingMan AURA en 116 heures. Il a réalisé un exploit en bouclant les 1060 kilomètres et 19500m de dénivelé positif en l’honneur de son donneur.
Merci Fabrice pour toutes ces émotions partagées. L’ensemble de l’équipe Origine te félicite pour cette performance hors du commun