Découvrez le portrait de Philippe Join-Lambert, 49 ans, speaker événementiel (Roc d’Azur, Étape du Tour de France, Vélo Vert Festival…), guide-moniteur cycliste et passionné de vélo, habitant avec sa famille dans les splendides décors du Vercors. Dans cette interview, Philippe nous plonge dans son histoire avec le vélo, révélant les motivations profondes derrière son engagement pour le #cyclotaf.
Le cyclotaf est la contraction de “cyclotourisme” et “velotaf” et traduit le fait de faire ses déplacements professionnels de longue distance, à vélo. Une nouvelle forme d’aventure.
Philippe, avant de te consacrer à l’encadrement et à l’animation événementielle, comment as-tu développé ta passion pour le vélo ?
J’ai grandi au nord de l’Ile de France, aux portes du Vexin, au sein d’une famille nombreuse aux moyens modestes mais où le vélo a été une extension naturelle de nos vies, d’abord comme moyen de transport. Ceci m’a laissé une grande liberté d’exploration. Nos parents nous offraient le vélo mais ensuite il fallait qu’on soit autonome, alors j’ai appris à réparer les crevaisons et faire la mécanique. Avec les copains du village, nous avions cette attirance pour une pratique typée cross et dès l’avènement du VTT, j’ai su que c’était fait pour moi. Je me suis même essayé à la compétition au sein du club les “Sangliers du Vexin”.
Plus tard, j’ai aussi été coursier à Berlin. Ce fut une expérience intense ; trop courte car stoppée par l’appel au service national mais qui m’a profondément marqué. C’était plus qu’un simple boulot, c’était une immersion totale dans une communauté incroyablement forte. Cette période a alimenté ma passion et a contribué à façonner ma vision d’un cyclisme libre et créatif.
Tu as la particularité de faire tes déplacements professionnels à vélo. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans cette démarche ?
L’idée de faire mes déplacements en bikepacking m’est venue de la frustration que je ressentais lorsque j’animais des événements cycliste sur lesquels j’aurais aimé partir rouler avec les autres participants. Sachant qu’en saison mon emploi du temps familial et professionnel ne me permet pas de dégager du temps pour de belles longues sorties. J’ai alors remplacé les déplacements professionnels que je faisais en voiture par des micro-aventures à vélo, transformant cette contrainte en opportunité. C’est le concept du #cyclotaf qui allie le cyclotourisme et velotaf tout en réduisant mon impact environnemental.
Philippe arrive sur le Roc d’Azur 2023, à vélo, sur son Graxx
Ce projet de cyclotaf devait débuter en 2020. Au Roc d’Azur 2019 j’avais réuni quelques partenaires pour m’équiper. Je partais d’une expérience inexistante en longue distance, je n’avais jamais pédalé 100 km d’une traite ! Je me suis donc entraîné. Avec mon ami Fabien, aussi mon préparateur physique et mental, nous avions choisi six événements de mon calendrier entre mai et octobre sur lesquels il pouvait m’accompagner. Grâce à ses talents de photographe, nous avions prévu de partager les récits de nos périples.
Puis le Covid est arrivé et la pandémie a mis brutalement fin à mes activités événementielles. Il n’y avait plus d’événements, plus de déplacements, le projet était mort-né.
Comment as-tu rebondi face à cette situation compliquée ?
J’ai continué à m’entraîner dans la perspective de la reprise. Au plus dur du confinement, lorsque nous étions limités à 1h de sortie dans un rayon d’1km, j’avais peaufiné un parcours de 18km à l’intérieur de ce périmètre, sans passer deux fois au même endroit dans le même sens. Quelle situation ! Tourner en rond comme un hamster !
Plus tard le périmètre a été élargi à 100km de rayon et il n’y avait toujours pas d’événement sur lesquels je pouvais travailler. Alors, dans le même esprit d’optimisation d’un tracé dans un périmètre réduit, j’ai tracé un itinéraire gravel de 580 km et 14000 m de dénivelé qui sillonne le massif du Vercors. Le Vercors est une entité géologique hyper marquée, où on peut naviguer des contreforts jusqu’aux hauts plateaux à travers des gorges abruptes, des forêts profondes et des paysages à couper le souffle. Avec des amis, également sans activité à cette période, nous l’avons parcouru en 3 tronçons et nous avons partagé avec nos communautés ces micro aventures.
Comment cela t’a amené à rencontrer Origine ?
Fin 2021 je devais me rendre à Arras pour une mission avec Shimano France et j’en ai profité pour venir découvrir l’usine Origine à Somain. Par chance ou par destin, ce jour-là Axel Carion (Explorateur et Co-fondateur du BikingMan) y était aussi présent. Nous étions fait pour nous rencontrer, le courant est tout de suite bien passé. Nous avons discuté pendant deux heures et quelques semaines plus tard je lui faisais découvrir cette trace dans le Vercors, qui allait devenir la base du premier BikingMan 555 en juillet 2022, grâce au soutien de Villard-de-Lans.
Philippe Join-Lambert et Axel Carion sur le parcours du 555 Vercors.
Peux-tu nous détailler la configuration de ton vélo, tes équipements pour tes aventures cyclistes ?
Mon fidèle compagnon est le Graxx GTO, équipé d’un moyeu dynamo qui me permet d’être autonome pour alimenter mon smartphone et mon GPS. C’est un vélo à la fois robuste, confortable, performant et modulable, aussi bien pour faire du gravel que du bitume.
Il est équipé de pneus Hutchinson Override en 35 ou des Touareg en 40, selon les itinéraires, avec mes deux paires de roues Allroad Mavic. Côté braquets, j’ai une cassette en 11-52 pour affronter tous les profils sans me mettre en difficulté lorsque je suis chargé.
Côté bagagerie, j’utilise la gamme Pro Discover qui me permet de transporter tout le nécessaire. Mes vêtements de vélo sont dans la sacoche avant, mon électronique dans la sacoche de cadre, mon alimentation dans la sacoche top tube, mon carnet de speaker et mes vêtements dans la sacoche de selle. Pour être totalement autonome, je prends également des cages sur la fourche pour prendre des chaussures et davantage de vêtements civils.
Le Graxx GTO de Philippe, équipé pour le bikepacking, avec un moyeu dynamo.
À l’opposé de la recherche de performance, quel type d’étapes et d’approche choisis-tu ?
Il ne faut pas perdre de vue que ces aventures se font dans le cadre de déplacements professionnels. A l’arrivée, j’ai deux ou trois longues journées de prestation sur place, il est fondamental que j’arrive en forme.
Même si je fais des étapes de 150 à 300 km par jour, avec 2000 à 4000 m de dénivelé, je ne cherche pas à repousser mes limites. Je ne vais pas nécessairement au plus direct, je privilégie les jolies petites routes, les points remarquables. Je suis entraîné, je maîtrise ce type de journée et l’effort qui va avec et je ne m’élance pas si je ne suis pas sûr de pouvoir le faire. Je m’organise pour dormir tous les soirs dans un vrai lit et me nourrit d’une alimentation saine. Je n’hésite pas à m’arrêter pour faire une vraie pause repas.
Quels sont tes objectifs et quel message aimerais-tu transmettre à ceux qui te suivent ?
Mon objectif premier est de maintenir une pratique assez intensive et régulière pour garder le plaisir de rouler, en impactant le moins possible l’équilibre vie de famille et vie professionnelle. Je suis aussi touché par les retours de ceux qui me suivent sur les réseaux. Je raconte mes périples en stories. Je ne m’attendais pas à susciter autant d’enthousiasme et je suis heureux de constater que ma démarche inspire certains à se lancer dans des expériences similaires. Je ne suis pas seul dans cette quête, c’est socialement de mieux en mieux admis et la communauté cycliste peut montrer que c’est possible.
Enfin, je remercie le soutien précieux de Origine et de mes autres partenaires Shimano, Lazer, Pro, Mavic, Hutchinson, Crosscall, et Bollé.
Vous pouvez suivre Philippe sur ses réseaux sociaux : @philparlevelo sur Instagram et Philippe Join-Lambert sur Facebook