Dans ces quelques lignes, vous allez découvrir, que parfois régler parfaitement son vélo n’est pas la meilleure des idées. On ne va pas rouler avec un vélo complètement déréglé non plus. Vous allez voir qu’avoir les “bons réglages”, c’est bien plus complexe que simplement prendre les mesures, les angles et tous les facteurs extérieurs de notre anatomie.
Je suis kiné, et je m’intéresse aussi à ce qu’il y a à l’intérieur. Ce qu’on ne peut pas voir, ce qui nous échappe parce que logé au plus profond de notre articulation, ce qui se voit à condition d’avoir les bons tests… pour le corps !
Pour les réglages du vélo, j’ai fait appel à un spécialiste dans le domaine, un pro du réglage au millimètre, Alexandre PACOT. Actuel entraîneur et ancien athlète au sein de la structure AG2R la mondial U19 team, il nous accueille dans ces locaux pour trouver ce fameux équilibre entre régler et laisser le corps se régler.
Pour certains, comme Arthur FORISSIER, notre 3ème compagnon et champion du monde 2019 de cross triathlon), peu importent les réglages en vrai, il se sent bien sur son vélo. Vous allez voir, que vu ces capacités, peu importe, son corps s’adapte !
Si, contrairement à Arthur, vous avez toujours des douleurs au dos après seulement 30 minutes sur la selle, vous avez un genou qui vous fait mal et vous empêche de faire de belles sorties… pas de panique. On a de quoi vous aider et vous donner les opportunités de réfléchir un peu différemment !
Est-ce qu’un bikefitting suffit ?
On me disait il y a quelques jours, “ça fait 3 ans que j’ai des douleurs au genou, cette fois, j’investis dans un bikefitting, comme ça, je sais au moins que j’aurais un bon réglage noir sur blanc ! ”. Ce n’est pas aussi simple. À l’intérieur du corps, tout se règle et se dérègle en permanence, c’est d’ailleurs pour ça qu’il est si fort ! Il se réorganise, change, sans prévenir, souvent dans la discrétion la plus totale. Donc, à moins de refaire un réglage avant chaque sortie, vous ne pourrez jamais adapter le vélo “noir sur blanc”.
Régler une bonne fois pour toutes, ça n’existe pas. Jouer autour de son réglage avec une multitude d’options me paraît peut-être plus judicieux en revanche.
Pas de panique, on vous donne quelques éléments de réponse, de quoi vous aider à y voir un peu plus clair. On vous aide à trouver ce subtil équilibre entre se concentrer sur les facteurs extrinsèques (la longueur des jambes, l’exposition au vent, …) et prendre en compte les facteurs internes (la capacité de vos hanches à travailler avec autant de flexion, la force de l’ischio-jambier quand il est aussi étiré, et ce fessier qui n’appuie pas vraiment du côté droit depuis toujours).
Les bases pour régler la hauteur de selle de son vélo
On commence par les bases, nous donner une idée de ce qui se fait dans le milieu du réglage en utilisant les facteurs externes. Car oui, c’est aussi important, et il faut bien commencer quelque part ! Pour le réglage de la hauteur de selle, il faut se baser sur la hauteur de l’entrejambe et la souplesse du cycliste. Dans un premier temps, on va multiplier la hauteur de l’entrejambe par 0,885 pour obtenir la valeur initiale de la hauteur de selle.
Si l’athlète est raide des ischio-jambiers, on va essayer de ne pas trop monter la selle. Ainsi, pédale en bas, le genou doit former un angle allant de 138° à 145°.
Comment régler le recul de selle ?
Le recul de selle se règle selon la longueur du fémur. L’idéal est d’aligner l’axe du genou avec l’axe de pédale, lorsque la manivelle est à l’horizontale.
Quel réglage pour l’inclinaison de la selle ?
L’inclinaison de la selle se définit selon le niveau de souplesse du bassin. Si la personne est très raide au niveau des lombaires, on va avoir tendance à incliner la selle en avant pour qu’elle puisse plus facilement attraper le cintre. En VTT, pour les personnes qui font beaucoup de dénivelé, on a également tendance à incliner le bec de selle, pour qu’il retrouve une stabilité dans les parties montantes.
Comment régler la distance cintre-selle ?
Sur route, on va régler en fonction de la position souhaitée. Pour les compétiteurs, la longueur de potence sera plus élevée pour que l’athlète puisse s’allonger davantage.
À l’inverse, pour des personnes qui souhaitent plus de confort, on va être sur des potences plus courtes, et même parfois avec un angle positif, c’est-à-dire, avec un cintre plus élevé que la selle.
Les conseils du kiné
C’est le moment où je rajoute le petit grain de sel du kiné. En réalité, lorsqu’on est dans une position aérodynamique l’articulation de la hanche se retrouve en flexion extrême. Ce qui n’est pas forcément un problème quand on a de bonnes capacités articulaires et une bonne mobilité. Mais ceci peut devenir un problème si on s’expose à cette contrainte pendant des heures et qu’on n’a pas ces capacités. C’est d’ailleurs la même chose pour le dos.
Pour reprendre l’exemple de la hanche, plus on va être penché en avant et plus la hanche devra travailler et produire de la force, là où il est vraiment difficile d’en produire. Oui, nos muscles sont les plus forts lorsqu’ils sont en longueur moyenne. Pliés en deux sur le vélo, ils ne sont plus vraiment en position moyenne.
Alors, on peut laisser le hasard renforcer nos muscles dans des positions difficiles, ou les travailler pour élargir la courbe et en même temps nos capacités.
Mais, il n’y a pas que les muscles qui sont importants. Oui, ce serait trop facile. Pour qu’une hanche monte aussi haut, il faut une articulation au top. Ça veut dire, du mouvement de rotation de hanche conserver, une souplesse de la capsule articulaire et du contrôle moteur dans des positions extrêmes, avec bien sûr une synergie de tout un tas de petits muscles. Parce qu’il n’y a pas que le quadriceps, les ischios et le grand fessier dans la vie. Si un de tous ces éléments vient à manquer, le système nerveux qui essaye tant bien que mal de préserver ce corps peut même activer le fessier lors de la phase ascendante du pédalage pour éviter de monter si haut et préserver l’articulation. Parce que des milliers de mouvements sur une hanche qui va mal (ou un genou, ou ce que voulait), ça use, ça fait mal et ça dégénère. Donc, imaginez un grand fessier se contracter à chaque coup de pédale pour l’empêcher de remonter trop vite, ce n’est pas top du tout même. C’est d’ailleurs ce qu’on appelle une résistance intrinsèque. Et devinez quoi ? Tout le monde en a.
Mon but à moi, c’est de les supprimer, pour augmenter votre force sans passer des heures et des heures à soulever de la fonte, mais en misant sur un corps qui marche mieux. La plupart d’entre nous, nous n’avons pas les capacités pour aller dans ses positions extrêmes. C’est d’ailleurs pour ça qu’Alexandre parle de confort, en inclinant moins le buste, certes, on offre de la résistance au vent, mais on ne détruit pas les articulations qui ne sont pas capables d’aller dans les extrêmes.
Ce qui est confortable pour l’un, ne le sera pas forcément pour l’autre. D’où la nécessité de se connaître, de connaître les capacités de chaque articulation. C’est d’ailleurs tout l’objectif de cette chaîne Youtube; avoir conscience de vos limites et surtout comprendre comment les faire disparaître, petit à petit, avec du travail, de la patience, la connaissance des concepts qui gouvernent le corps, et les bons exercices au bon moment.
Plus tu vas avoir de “capacités corporelles”, plus tu seras à l’aise, peu importe le vélo qu’on va te donner. Le but, pour nous en kiné, c’est de te donner tellement de capacité que tu es capable de n’importe quoi.
Comment faire pour donner plus de capacité à notre corps pour qu’il tolère et qu’il s’adapte à n’importe quoi ? C’est le boulot du kiné et vous allez voir qu’on peut repérer les points faibles avant que ceux-ci ne se transforment en blessures. Car oui, plus le corps a de grandes capacités articulaires, musculaires, tendineuses, plus ce sera difficile de se blesser. Vous allez découvrir tout ça dans les futures vidéos de Mouvement Théory.