Découvrez les portraits de deux sportifs radicalement opposés, mais avec un point comment majeur. Ils se sont présentés sur la ligne de départ du BikingMan 555 Vercors. Une épreuve de 500km dont 100 km de gravel et 12 000md+ à, boucler en moins de 55h. Jérôme et Christophe n’ont jamais fait de gravel de leur vie, et ils vont découvrir cet univers à travers une épreuve de montagne, engagée tant techniquement que physiquement.
BikingMan 555 Vercors, un baptême du feu pour Jérôme
Au-delà du premier dossard, c’est le festival des baptêmes pour Jérôme qui s’est mis au vélo il y a seulement 2 ans :
- 1ère fois qu’il fait plus de 100km
- 1ère fois qu’il roule sur un gravel
- 1ère fois qu’il roule de nuit
- 1ère fois qu’il roule une nuit sans dormir
- 1ère fois qu’il fait un bivouac sauvage
Jérôme, lanterne rouge de ce BikingMan 555 Vercors, nous prouve que tout est possible et que ce que nous pensons être nos limites ne sont que des leurres pour nous empêcher de vivre l’aventure. Car oui, Jérôme a mis ses peurs et ses doutes de côté et s’est offert 53h qui le marqueront à vie, 53h de pure Aventure.
Peux-tu te présenter en quelques lignes, ton profil de sportif, ton rapport avec le vélo ?
J’ai 45 ans, je suis ouvrier forestier, j’ai 2 enfants et j’habite au-dessus d’Aix les bains. Je pratique le trail depuis 4 ans et le vélo de route depuis 2 ans
Pourquoi t’es-tu lancé sur le BikingMan 555 ?
L’idée est venue d’un voisin un peu fou lors d’une sortie dans les bauges le 14 juillet, « si tu t’inscris, je m’inscris, ce sera une expérience qui va changer ta vie ».
Quelle configuration d’équipements as-tu choisie ?
Sur le BikingMan 555 je roulais sur un Graxx en monoplateau, 1 sacoche avant, 1 de cadre et une de selle, de quoi être autonome pour dormir. Des vêtements chauds pour la nuit, des lumières et un GPS.
Comment t’es-tu préparé physiquement et mentalement à ce défi ?
Cette année je me suis blessé à l’épaule fin décembre, la seule chose que je pouvais faire c’était du home-trainer, et j’ai peu enchaîné des petites sorties, puis elles se sont rallongées et j’ai fait mon premier 100km dans le Galibier à l’ascension, quelques montées au-dessus de chez moi et dans les Bauges. Je roule peu mais jamais sur du plat.
Mentalement « on » m’avait dit que ce serait un Bikingman démocratisé, en fait au bout de 2h j’ai compris dans quoi on m’avait embarqué !
Le BikingMan 555 était ton premier défi GRAVEL et longue distance, qu’as-tu ressenti durant le tour du Vercors ?
De belles rencontres humaines, j’ai découvert la famille Bikingman dont j’entends parler depuis des mois, rien que ça, ça me fascinait.
« Des paysages sublimes, le gravel permettant d’accéder à des endroits inédits, des km qui défilent dans un cadre idyllique avec parfois des passages très techniques. »
Puis au fil des km de la souffrance physique et une grosse douleur au genou que j’ai dû gérer durant les 150 derniers km. Il a fallu se surpasser, serrer les dents pour dompter l’épreuve et arriver au bout de soi-même.
Quels seraient les conseils que tu souhaiterais partager à des personnes souhaitant relever des défis similaires ?
- Ne pas négliger la préparation de ce type d’épreuve
- Se familiariser dès que possible avec ses équipements (GPS, textile, chaussures, lampes…).
- Avoir en tête ou marqué quelque part l’autonomie de ses lampes
- Connaitre ce qui fonctionne en nourriture
- Faire des sorties en conditions course tout chargé
- Ne pas hésiter à manipuler le contenu de ses sacoches, défaire son matelas, son sac à viande
- Tester ses vêtements chauds en conditions réelles
- Rouler au moins une fois de nuit (1h suffit)
- Ne pas abuser du téléphone
- Avoir des bases en mécanique légère (changement de pneu, réparation de chaîne, dévoilage de roue)
- Connaitre sa position sur le vélo en mode ultra
- Ne pas trop s’écouter
- Profiter des paysages et des rencontres
- Être à l’écoute de ceux qui ont l’expérience.
Quelles sont les erreurs que tu souhaiterais corriger/améliorer si tu devais refaire ce défi ?
– Ne pas emmener plus que le nécessaire et « éviter de porter le poids de ces angoisses »
– Anticiper les blessures liées au manque de km
– Mieux gérer les phases de récupération
Quelle définition donnerais-tu au gravel après cette traversée du Vercors ?
Le gravel est pour moi un moyen de varier les plaisirs du vélo de route et accéder à des spots inédits.
Que ressens-tu, maintenant que tu as réussi le défi du BikingMan 555 Vercors ?
Un sentiment de grandeur face au défi relevé, le surpassement de soi et une approche nouvelle des difficultés.
« La fatigue physique bien réelle s’estompe face à la fierté d’être finisher de cette épreuve. »
Quand remontes-tu sur le vélo ?!
Dès que possible ! En continuant la découverte du gravel, autour de chez moi, pour l’instant.
Christophe habitué d’ultra, rookie en gravel
Pour Christophe c’est différent, il est habitué des défis sportifs d’endurance : UTMB, Tor des géants, Raid in France, Ironman, Pierra Menta, RAF. C’est un habitué du bivouac et de l’aventure. Seul le comportement d’un gravel lui est totalement inconnu.
Pour information Christophe est une des personnes à l’origine de la marque de chaussures Hoka One One qui aujourd’hui est un leader mondial de la chaussure de trail et de running.
Toujours au développement des produits Hoka, il a cette vision détachée de tout dogme ou croyance. Retrouvez son interview qui vous donnera à coup sûr envie d’enfourcher un Graxx.
Peux-tu te présenter en quelques lignes, ton profil de sportif, ton rapport avec le vélo ?
J’ai attrapé le virus du sport très jeune et je n’ai jamais guéri. Ski alpin, kayak, tennis puis raid multisports, VTT, triathlon, trail, swimrun, haute montagne, ski alpinisme, etc… Oui, je sais, ça fait beaucoup, mais je suis amoureux de l’outdoor en général et adepte de défis au long cours.
Côté vélo, j’ai enlevé mes roulettes à l’âge de 2ans ½ (!), j’ai vécu de nombreuses fois des très grandes sections VTT sur les raids multisports (210km non-stop au Kirghistan par exemple) et j’ai surtout bouffé des kilomètres à VTT pour préparer ces raids depuis plus de 20 ans.
Une anecdote me revient qui date un peu plus : quand j’étais étudiant à Lyon, dans les années 1990, je me suis lancé dans l’aventure de rentrer chez moi à vélo : 220km et 4.000 m de d+ en empruntant le vieux vélo de mon père et sans savoir vraiment où j’allais. J’en suis venu à bout avant la tombée de la nuit, j’étais heureux mais j’en ai bien bavé !
Plus récemment en 2021, ma curiosité m’a poussé sur un autre défi : le parcours long de la Race Across France. 2 600km agrémentés de 34.000m de d+, une graaaannnde traversée de la France, du Sud au Nord. Novice en matière d’ultra-bike il y avait plein d’inconnues mais je me suis préparé sur quelques mois, j’ai bien ajusté mon matos et finalement, ce parcours qui m’effrayait avant -et qui m’effraie toujours- a été synonyme de belle et grande aventure. Un sacré voyage intérieur aussi !
Quelle configuration d’équipements as tu choisi ? (vélo, sacoches, lumières, textiles), as tu eu des soucis de fiabilité de ton matériel?
Fort de cette RAF 2021, je disposais de pas mal de matos côté accessoires alors j’ai pioché dedans.
Pour embarquer le matos de réparation, les couches de vêtements tout temps, le matos électronique (cordons, accus, jeu d’éclairage de secours, frontale…), une petite base pharmacie, de la nourriture sous différentes formes, et un petit sac dodo (bivy -200gr), j’ai pris une demi-sacoche de cadre 6.5L, une sacoche de selle de 16L et une pochette de cadre 1L.
Côté éclairage, un jeu avant arrière Bontrager Ion RT pour être vu, et une frontale Stoots, super rapport poids-capacité-technicité-commodité.
Pour le textile j’avais opté l’an dernier pour un cuissard Assos et le reste en Mérinos (maillot MC, manchettes et jambières). Ça avait fonctionné sur 7 jours et dans des conditions engagées alors j’étais serein avec les mêmes choix pour cette BikingMan 555.
Comme je suis prévoyant, j’avais aussi une bonne veste de pluie et un coupe-vent léger (Hoka) ainsi qu’un pantalon étanche, des petits gants chauds, des surmouffles étanches, un bonnet polaire, 2 buffs… Avec la météo annoncée (beau et chaleur) j’aurai pu/du me restreindre et alléger tout ça mais c’est un principe de sécurité perso qui me pousse à avoir le fond de sac adapté et à etre autonome que ce soit pour 10 heures ou pour 150 heures !
Enfin…le plus important : LE VELO !
J’ai eu la chance de me faire prêter un des meilleurs vélos du marché : le Graxx d’Origine. En plus d’être beau (!) il s’est révélé être très proche en géométrie de mon vélo de la RAF (un KTM de route) alors c’était parfait. Avec des pneus G-One de 700x40mm, des freins à disque et un mono-plateau, je n’ai eu aucun souci de fiabilité et pourtant, je dois avouer, sur les premiers passages bien techniques j’ai commencé à douter de ne pas exploser quelque chose. Mes 95kg ne me rassuraient pas trop à cet instant précis. Au terme de ces 500km dont plus d’une centaine en gravel qui ont bien secoué, la fiabilité m’a bluffé. J’ai juste sorti une fois ma pompe pour ajuster la pression des pneus et tenter quelque chose !
Le BikingMan 555 était ton premier défi GRAVEL, qu’as-tu ressenti durant le tour du Vercors ?
« Je résumerai ce tour de la manière suivante : un sacré défi, une immersion absolue dans l’aventure et le massif, le plaisir de couvrir pas mal de kilomètres cheveux au vent et un cumul de points caractéristiques, de paysages marquants, de montées, de vallons, de plateaux et de descentes qui donnent le sentiment d’être parti loin et très longtemps. »
Côté ressenti, c’était paradoxal parce que si j’ai subi parfois le côté technique et engagé avec ce type de vélo, j’ai finalement adoré la variété, le côté joueur et le lâcher prise qu’impose cette épreuve. Ça fait tellement de bien de s’offrir ce type de parenthèse.
Quels seraient les conseils que tu souhaiterais partager à des personnes souhaitant relever des défis similaires ?
Rester humble tout en laissant de côté les nombreux messages du type « mais tu es fou », « tu ne te rends pas compte », « n’importe quoi »… ce ne sont que les peurs des autres, surtout ne pas s’encombrer de ce fardeau…
De manière pragmatique :
- Oser
- Se préparer
- Écouter et se nourrir de l’expérience des autres
- Prendre Confiance en soi.
Quelles sont les erreurs que tu souhaiterais corriger/améliorer si tu devais refaire ce défi ?
Être un peu moins prévoyant et alléger un peu plus mon chargement ! Et me préparer un peu plus spécifiquement sur les montées raides qui roulent (à 10-12%), je pense que c’est un de mes points faibles. J’arrive à rouler mais je me traîne… J’aimerais bien aussi maigrir de 20kg, au moins pour les montées. Quelqu’un aurait-il une solution ou des conseils ?
Que ressens-tu, maintenant que tu as réussi le défi du 555 Vercors ?
Très heureux de l’avoir vécu, de l’avoir partagé -à distance- avec les autres participants et avec l’organisation, les « race-angels ».
« Quelques jours après, le fait d’avoir toujours la tête quelque part là-haut sur les plateaux du Vercors ne trompe pas… C’était une bien belle parenthèse. »
Quelle vision as-tu sur le matériel en tant que néophyte en gravel mais athlète endurance chevronné ?
Suite à cette première expérience, je pense qu’il y a un gros potentiel d’évolution pour le matériel. Le Gravel version américaine se traduit majoritairement par une pratique sur des pistes roulante en terre battue. Mais en version européenne et dans notre cas précis pour les massifs français, il faut déplacer les curseurs. Même si les jouets actuels (les Gravel !) sont déjà de sacrées machines, pour mieux répondre aux besoins de CONFORT, PLAISIR et SECURITE, il va y avoir des « trucs » à inventer. En isolant les composants actuels, pneus, jantes, fourche, selle, cadre, frein, guidon, transmission… ou en les combinant, c’est certain que ça va bouger.
Il suffit de prendre exemple -et inspiration- dans des univers comme le VTT, le trail, et plus généralement les sports outdoor au sens large pour ne pas en douter.
Par exemple trouver une solution pour pouvoir disposer de 2 pressions de pneus au moyen d’un simple bouton permettrait de garder une pression élevée pour les zones roulantes et bitumes et de switcher sur une basse pression pour les zones techniques, caillouteuses. Gain de confort, de performance, de sécurité… et de plaisir ! Des pistes de solution existent déjà pour les coureurs du Paris Roubaix.
La croissance du marché du Gravel conditionnera la vitesse à laquelle les marques vont pouvoir investir en quête de nouvelles solutions techniques. La clef sera là !
Après cette immersion grandeur nature, comment vois-tu la discipline toi qui vient d’un univers qui a connu une révolution majeure il y a 15 ans ?
On fait effectivement allusion à l’émergence du trail dans les années 2000 à 2010. Je suis convaincu qu’il y a énormément d’analogies à faire entre le Gravel dans l’univers vélo et le Trail dans l’univers course à pied.
En premier lieu la dimension communautaire voire tribale conduit à un cloisonnement, des divergences et même des rejets de la nouveauté. Ceux qui « étaient là avant » trouvent beaucoup à redire sur cette nouvelle tendance, cet effet de mode. Ils ne lui accordent pas de légitimité. Mais en prenant du recul, le trail, comme le Gravel aujourd’hui, incarne une ouverture du champ des possibles.
« Le terrain de pratique s’agrandit, on peut (re)découvrir des nouveaux chemins, aller à des endroits où on n’allait pas, découvrir plein d’opportunité de parcours à deux pas de chez soi -y compris en milieu urbain- et le potentiel du terrain de jeu grandit significativement. Les anciennes voies de campagne sont revalorisées, on explore, on redécouvre. »
Et si la part engagée / compétition sert de locomotive, la dimension loisirs, santé, bien-être porte le plus gros potentiel pour le trail comme pour le Gravel. Un vélo qui permette de s’affranchir des limites du bitume tout en étant capable de bien rouler, de franchir quelques obstacles, jardin public et trottoir y compris et avec lequel on ne craint pas de prendre les raccourcis dans les bois, ce velo nommé Gravel va facilement convaincre un grand nombre de nouveaux adeptes.
Le gravel dans le Vercors, c’est un peu l’opposé de la philosophie Hoka, tu as ressenti de la frustration ou tu t’es amusé ?
Je relis deux fois la question et je m’interroge… La philosophie Hoka a longtemps été « Time To Fly » (ndlr : elle vient d’évoluer pour « Fly Human Fly »). Cela peut se traduire de nombreuses manières mais une qui me plaît bien c’est l’incitation à se permettre de rêver et à voler vers ses propres rêves.
Le Gravel dans le Vercors c’est finalement la même philosophie pour moi. Le Vercors, que je connaissais peu, me plaisait et m’attirait. Alors, y aller, le découvrir à bicyclette tout en se permettant aussi de couper à travers les plateaux, au cœur des forêts et de la nature, ça me faisait bien rêver.
Ce BikingMan 555 m’a simplement offert de m’envoler vers ce rêve et de le vivre intensément.
Quand remontes-tu sur le vélo ?
Le lendemain du BikingMan 555… pour aller promener mes chiens au bord du lac !