Vélo de route monoplateau : avantages et inconvénients

Depuis quelques saisons, le mono plateau, longtemps réservé au VTT et au gravel, s’invite sur l’asphalte. Cette configuration, souvent désignée par l’anglicisme 1x drivetrain, attire l’attention pour sa simplicité, son esthétisme épuré et les promesses de fiabilité qu’elle véhicule. Mais derrière l’image minimaliste se cache un véritable choix d’ingénierie, avec ses avantages, ses limites et ses implications sur la pratique.

L’idée de retirer le dérailleur avant et l’un des plateaux d’un pédalier de route peut sembler radicale. Pourtant, avec l’essor des transmissions à 12 et 13 vitesses et des cassettes à large amplitude, cette solution est aujourd’hui techniquement viable, y compris dans des contextes compétitifs. On l’a même aperçue sur certaines étapes du Tour de France 2025, et pas seulement sur les parcours plats : certains coureurs l’ont osé en montagne, preuve que l’évolution du matériel repousse les contraintes traditionnelles.

Qu’est-ce que le mono plateau ? Un fonctionnement simplifié

Le principe est simple : un seul plateau à l’avant, généralement compris entre 42 et 48 dents selon le profil du terrain et la puissance du cycliste, et une cassette arrière offrant un étagement large. L’absence de dérailleur avant libère le cycliste d’un certain nombre de contraintes mécaniques et mentales. Les changements de vitesse se font uniquement à l’arrière, rendant la logique de pilotage plus intuitive : un levier pour durcir le braquet, un levier pour l’adoucir, et rien d’autre à penser. Cette simplicité séduit autant les coureurs que les cyclosportifs, notamment en longue distance où la concentration est précieuse.

Cette épuration réduit également les sources de problèmes. Le changement de plateau, surtout sur route, est un moment où la chaîne est fortement tendue et doit franchir une différence de diamètre importante, ce qui augmente le risque de passage hésitant ou de déraillement. Supprimer cette opération élimine cette faiblesse. Les plateaux modernes, dotés de profils narrow-wide (dents alternées fines/épaisses), maintiennent la chaîne en place même sur revêtements dégradés, tandis que les dérailleurs à embrayage ajoutent une tension constante qui réduit les battements de chaîne.

cols

Pourquoi choisir un mono plateau sur route ?

Simplicité mécanique

Le principal argument du 1x, c’est la réduction des commandes :

  • Un seul levier à manipuler
  • Moins de réflexes à avoir pour éviter les croisements de chaîne
  • Moins de réglages et d’entretien (adieu le dérailleur avant et son ajustement parfois capricieux)

Pour les cyclistes amateurs, cette simplicité se traduit par plus de fluidité dans les changements de vitesse et moins de distractions.

Fiabilité accrue

Les changements de plateau sont mécaniquement plus exigeants :

  • Grande différence de diamètre entre petit et grand plateau
  • Passage effectué sur la partie haute de la chaîne, en tension maximale
    En supprimant cette opération, on limite les risques de chaîne qui saute ou de passages irréguliers.

Les plateaux narrow-wide et les embrayages de dérailleurs modernes assurent une rétention de chaîne quasi parfaite, même sur routes dégradées ou pavés.

Poids et aérodynamisme

En retirant le dérailleur avant, un plateau et parfois le câble/servo associé, on peut économiser 120 à 250 g sur un vélo haut de gamme.
Sur le plan aérodynamique, le gain est mesuré mais réel : quelques watts à haute vitesse. Sur un contre-la-montre ou un critérium, c’est toujours bon à prendre.

fraxion en monoplateau

La plage de développements : la vraie question

L’argument historique contre le mono plateau sur route concernait la plage de développements. Avec un double plateau, il est possible d’avoir un braquet ultra-court pour les ascensions et un braquet très long pour les sprints, tout en maintenant des écarts réduits entre les vitesses. Les cassettes modernes ont réduit cet écart : un 48 dents associé à une cassette 10-46 offre une plage de 460 %, soit proche des 494 % d’un montage 48/35 avec cassette 10-36. Autrement dit, en montée comme en descente, la différence est faible.

Le point faible reste l’étagement. Couvrir toute la plage avec un seul plateau oblige à accepter des sauts plus importants entre deux vitesses. Pour un cycliste sensible à la régularité de cadence, cela peut être frustrant, notamment sur des terrains vallonnés où l’on alterne rapidement entre efforts modérés et relances. Cependant, l’augmentation du nombre de vitesses atténue cet effet : en 13 vitesses, l’écart devient acceptable pour la majorité des cyclistes, et certains finissent par ne plus y prêter attention après quelques sorties.

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Optimiser son montage mono plateau pour la route

Choix du plateau

  • 44 dents : pour la montagne
  • 46 dents : polyvalence
  • 48 dents et + : plat et haute vitesse
    Toujours privilégier le profil narrow-wide.

Cassette

  • 10-36 : route vallonnée, compétiteurs
  • 10-44 : endurance, cyclosportives avec cols
  • 10-46 : gravel et polyvalence extrême

Dérailleur

  • Chape longue pour grand pignon
  • Système d’embrayage pour stabiliser la chaîne
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Un choix lié au profil et à la pratique

Il est évident que le mono plateau ne s’adresse pas à tous les cyclistes. Sur de longues étapes de montagne où la polyvalence est essentielle, un double plateau conserve un avantage. En revanche, pour un critérium, un triathlon ou une sortie sur terrain relativement homogène, la simplicité du 1x se traduit par moins de manipulations, moins de risques et un pilotage plus direct. Pour un vélotafeur ou un cycliste qui alterne route et chemins, c’est aussi la garantie d’une transmission robuste, nécessitant moins d’entretien.

L’aspect esthétique joue également un rôle. Beaucoup trouvent qu’un vélo de route sans dérailleur avant et avec une ligne de chaîne parfaitement droite a un look moderne et agressif. Et dans un univers où l’image compte presque autant que la performance, cet argument n’est pas négligeable.

Une tendance qui gagne du terrain

Le fait que des coureurs professionnels aient utilisé un 1x sur des étapes du Tour de France, y compris en montagne, marque une évolution. Il faut toutefois rappeler que ces athlètes disposent d’une puissance bien supérieure à celle de la plupart des amateurs et qu’ils bénéficient d’une assistance technique en course. Ce qui est viable pour eux ne l’est pas forcément pour un cycliste qui affronte seul de longs parcours sans assistance.

En réalité, choisir entre 1x et 2x revient moins à déterminer lequel est “meilleur” qu’à définir lequel correspond le mieux à son usage. Le double plateau reste la solution de polyvalence absolue, mais le mono plateau est désormais une alternative mature, capable d’offrir une expérience de conduite plus fluide, plus légère et souvent plus agréable.

En synthèse :

Principe : un seul plateau à l’avant (38 à 54 dents) et une cassette à large amplitude ; suppression du dérailleur avant.

Avantages principaux :

  • Simplicité d’utilisation et d’entretien.
  • Moins de risques de déraillement grâce aux plateaux narrow-wide et aux dérailleurs à embrayage.
  • Look épuré et gain aérodynamique léger.
  • Possibilité de cadres plus rigides et avec plus de garde au pneu.

Poids : peut être plus léger qu’un double plateau, mais dépend du choix des composants (cassettes larges plus lourdes).

Plage de développements : désormais proche du double plateau avec les transmissions 12/13 vitesses, mais avec des sauts plus grands entre rapports.

Inconvénients :

  • Étagement moins fin, variations de cadence plus marquées.
  • Moins polyvalent pour terrains très variés ou grandes ascensions.

Pour qui ?

  • Critérium, triathlon, sorties sur terrain homogène.
  • Vélotaf ou pratique mixte route/gravel.
  • Cyclistes cherchant un vélo minimaliste et fiable.

Marché :

  • SRAM : leader et offre complète pour le 1x route.
  • Shimano : options limitées, adaptations via GRX.
  • Campagnolo : Super Record 13 très performant.

Tendance : adopté ponctuellement par des pros, même en montagne, mais choix à évaluer selon son usage et non par simple imitation.

axxome RR en mono plateau

FAQ – Mono plateau vélo de route

Un mono plateau est-il adapté pour la montagne ?

Oui, si vous choisissez le bon braquet (par exemple un plateau de 46 dents avec une cassette 10-46). Vous aurez ainsi le même ratio (1:1) de développement qu’avec un petit plateau de 34 dents et une cassette en 11-34. Cependant, un double plateau reste plus polyvalent avec un étagement plus fin pour les longues ascensions.

Perds-je de la vitesse maximale avec un 1x ?

Pas forcément. Un double plateau 50/34 avec une cassette 11-34 aura un développement maximum de 9,71m (50×11), soit l’équivalent d’un 46×10 qui développe 9,82m par tour de péalde. Avec un mono plateau de 46 dents et une cassette qui commence en 10 dents, vous pouvez rouler à des vitesses comparables à un double plateau.

Le mono plateau fait-il gagner du poids ?

Dans la majorité des cas oui, mais le gain peut être réduit par le poids des cassettes larges et des dérailleurs à chape longue.

Est-ce que ça use plus vite la chaîne ?

L’usure est comparable à un double plateau si la transmission est bien entretenue. La ligne de chaîne est optimisée, mais la cassette à grande amplitude peut solliciter davantage les rapports extrêmes.

Peut-on monter un mono plateau sur n’importe quel vélo de route ?

Il faut vérifier la compatibilité du pédalier, du dérailleur arrière (UDH ou non) et de la cassette (11, 12 ou 13 vitesses).

Pourquoi les pros ne roulent-ils pas tous en 1x ?

Parce que sur certaines étapes, notamment vallonnées ou de montagne, le double plateau permet un étagement plus régulier et une plus grande polyvalence. Le choix dépend du profil et de la stratégie.

Le mono plateau est-il adapté au vélotaf ou au bikepacking ?

Oui, c’est même une excellente option pour les trajets quotidiens : moins de pièces, moins d’entretien, changements de vitesse plus simples et plus fiables.

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