Born To Ride : 1 200 km à travers les Alpes, les Vosges, le Jura, et l’Alsace

La Born to Ride est un des monuments de la  longue-distance en France. Organisée par Luc Royer de Chilkoot la compagnie des pionniers, l’édition 2021 s’est offert un nouveau format avec un BTR TOUR de 6 000 km et cinq BTR de 1200 km.

Ce récit vous emmène de Modane dans les Alpes, jusqu’à Laon en Picardie, en traversant les Vosges, le Jura et l’Alsace.

Les préparatifs avant la Born To Ride

Une semaine après reçu mon kit cadre du Graxx, deux petites sorties de test, la préparation des sacoches, me voilà dans le train pour Modane.

Arrivé à Modane, la gare ressemble à parking de course cycliste. Un couple de bikepacking se dirige vers une boulangerie, un groupe de 4 participants en claquette-chaussettes va vers un hôtel, la camionnette Chilkoot est garée devant la gare, et un participant sur le trottoir emballe son vélo pour repartir dans le train. Le ton est donné. Ce mercredi 22 juin, Modane vie à l’heure de la Born to Ride.

J’enfourche mon vélo vers mon hébergement. La route s’élève et le compteur affiche déjà des pentes à 8%. Bienvenue en Maurienne.

Un panneau affiche « Col de l’Iseran : Ouvert ». Le rendez-vous avec le sommet est donné pour le lendemain.

BTR jour 1 : Modane – Les Chapieux

125 KM / 3 200 M D+

A 5h45, je redescends les 3km qui me ramènent à Modane. Le température est très fraîche. Luc Royer me donne ma casquette, mon écusson, autocollant et carnet de route. De 6h à 6h30, les participants arrivent progressivement pour un départ groupé à une vingtaine de cyclistes. Au programme près de 60km pour atteindre le sommet du col de l’Iseran. Le levé de soleil sur la vallée est magnifique.

La route des forts est sublime. On passe le Col de la Madeleine (1746m) à Val Cenis. Quelques kilomètres de descente et une vallée offrent une petite accalmie avant l’ascension de l’Iseran par Bonneval sur Arc. Après avoir passé la matinée à 4, les pentes de l’Iseran mettent chacun à son rythme. On passe les 2000m alors qu’il reste encore 10km d’ascension. La pente se passe jamais sous les 8%. Les 3 derniers kilomètres, au-dessus de 2500m d’altitude terminent d’épuiser les organismes. Le cardio est haut bien que la vitesse soit lente. L’altitude se fait sentir. Heureusement, les paysages sont divins. Les vues sont sublimes, entre le vert d’une nature qui reprend vie avec le printemps et la neige qui n’a pas encore fondu à l’ombre.

Au sommet, je retrouve Dénis Morino, parti de Vezelay 3500km plus tôt sur sa BTR Tour 6000km. On échange quelques mots, je prends sa traditionnelle photo, Axxome GTR Evo Ultra porté en l’air à bout de bras. J’enfile mon coupe-vent avant de basculer dans une descente de près de 50km jusqu’à Bourg Saint Maurice. Après le barrage de Tignes, la descente sera seulement interrompue par la sinueuse et somptueuse route des villages. Bordée de végétation, longée par un cours d’eau, cette ballade est vraiment une belle découverte.

Arrivée à Bourg, je m’arrête dans une boulangerie et m’installe en terrasse. La météo annonce des orages dans l’après-midi. Je ne m’attarde pas et repars sur les lacets du Cormet de Roselend. La route serpente entre les forêts et les torrents du glacier qui dégagent beaucoup de fraîcheur. La pente n’est pas beaucoup plus indulgente que ce matin. Je partage la route avec de nouveaux participants. Nous discutons pour oublier la difficulté de l’ascension. Tous les participants sont vraiment sympathiques. L’ambiance Chilkoot est conviviale à l’image de l’organisateur Luc Royer. Bravo pour cette philosophie d’épreuve qui ne se prend pas la tête et qui réunit des cyclistes longue-distance de tous les coins de France.

Après un cours replat, nous arrivons à Les Chapieux, point d’arrivée de cette première étape. Luc fait la photo d’arrivée où l’Axxome GTR Evo Ultra de Denis et mon Graxx forment un beau duo de vélos Origine, équipés de roues Prymahl. Je repars ensuite en sens inverse pour redescendre sur Bourg pour y retrouver ma soeur en fin de journée. Après 140km, 7h de vélo et 3000m de dénivelé positif, je suis ravi de cette journée. La météo a finalement été de la partie. Je m’installe en terrasse, une bière et une gaufre font office de goûter pour reprendre un peu de force.

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BTR jour 2 : Les Chapieux – Bellegarde sur Valserine

165 KM / 3 500 M D+

La journée commence aux petites heures par les pentes du Cormet de Reselend.  La montagne semble déserte, seules les vaches habitent ses pentes. En atteignant le sommet, je n’aurais croisé qu’un éleveur qui prenait soin de ses bêtes. J’ai donc pleinement profité de la beauté des lumières du matin dans un calme total.

La descente du Cormet est tout aussi joli. La route plonge vers le barrage et le lac du Roselend. Un paysage qui mérite quelques arrêts pour faire quelques photos. Pour rappel, la BTR n’est pas une compétition, alors autant en profiter pour savourer les paysages.

Les Cols des Saisies est assez roulant. La montée se fait par le joli village de Hauteluce. Arrivé au sommet, le ciel se charge et quelques gouttes commencent à tomber. Je prends en photo un groupe de motard qui me prend en photo devant le panneau du sommet. Je m’élance aussitôt dans les lacets vers Flumet. Ce petit village marque la fin de la descente, mais aussi le début du Col des Aravis. En effet, il n’y a littéralement pas un mètre de plat dans l’enchaînement des deux cols.

A l’heure du déjeuner, on compte déjà trois sommets depuis ce matin (Cormet de Roselend, Col des Saisies, Col des Aravis). Je m’accorde un vraie pause déjeuner à La Clusaz où je retrouve deux participants. 

On m’avait annoncé que la Montée des Glieres était terrible avec ses 6 kilomètres entre 9% et 13%. Les premières pentes le confirment. Le problème, c’est que la pente ne faiblit pas jusqu’au sommet.

Il n’y pas que pour les vélos que l’ascension est compliquée, puisque la route est totalement barré par un poids lourd en travers de la route. Il a explosé un pneu dans un virage à épingle trop serré. Après 20 minutes de manoeuvre, le camion sort de cette mauvaise posture, mais se lance en marche arrière pour 5 km de descente. Pour ma part, je reprends la route en direction du sommet, de son Monument national à la Résistance et de sa désormais célèbre section gravel empruntée par le Tour de France. 

Assez rapidement après la descente sous l’orage, le paysage change. C’est déjà la fin des Alpes, et la transition vers le Jura qui se profile. Le paysage se fait plus vallonné que montagneux, et plus vert que rocailleux.

La fin d’étape se fait sous un déluge continu. Je me couche sur mes prolongateurs, appuie fort sur les pédales, pour arriver et se doucher le plus vite possible. En arrivant à Bellegarde, je suis accueilli par Juan, un sympathique chilien d’une quarantaine d’années et ses quatre énormes chiens (des Terre-neuve).

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BTR jour 3 : Bellegarde sur Valserine – Montbéliard

230 KM / 2 800 M D+

Départ à 6h30, avec une température très fraîche. Après une première ascension, je retourne les frères Yuso et Kenzo dans une boulangerie. On fera 150km ensemble dans la journée.

A 900m d’altitude, il fait humide, il y a un peu de brouillard et les nuages restent accrochés aux collines. Le plateau jurassien que l’on traverse est assez sauvage avec des hautes herbes entourées de forêts. Quelques hameaux peuplent ce plateau qui semble de plus en plus éloigné des grandes agglomérations. La route s’enfonce dans la forêt et l’on passe une station de ski abandonnée. L’ambiance est mystique, la vie ici semble comme arrêtée dans le temps.


Après une matinée couchés sur nos prolongateurs, on arrive à Pontarlier où l’on retrouve deux autres groupes de la BTR. C’est l’occasion de pratiquer notre deuxième sport favori : manger. On dévalise collectivement une boulangerie en discutant des kilomètres passés et à venir.

La journée se poursuit par des successions de vallons. Le plateau est interminable avant de basculer. Au bout de 160km, ça bascule enfin. On se retrouve à 3, et on expédie les 70 derniers kilomètres en deux heures. A se relayer, on maintient un 35km/h de moyenne pour enfin s’offrir une bière.

La fin de parcours emprunte une voie cyclable le long d’un cours d’eau très charmant dans Montbéliard.
A l’arrivée, on fait la traditionnelle photo qui précède un apéritif bien mérité. On dînera ensuite à une douzaine à l’hôtel avant de donner rendez-vous le lendemain à 6h30 pour la quatrième étape.

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BTR jour 4 : Montbéliard – Sélestat

195 KM / 3 600 M D+

Rendez-vous à 6h30 devant l’église pour un départ groupé. On part à cinq, puis un second groupe parti quelques minutes après nous rejoint. On parcourt la vallée dans la bonne humeur pour rejoindre la Planche des belles filles. À Plancher bas, on s’arrête à la boulangerie pour prendre des forces avant les ascensions. Dans la Planche, chacun son rythme. La première rampe offre une belle perspective. La montée ne fait que 6km, mais les pourcentages sont exigeants. Arrivé dans le dernier kilomètre le panneau indique 22%. La route semble être un mur, recouvert de marquage au sol « PINOT, PINOT, PINOT ». On sait qui est le coureur favori des gens de la région. La rampe s’escalade finalement assez bien pour laisser place au replat et à la ligne d’arrivée utilisée lors du Tour. Mythique !

La descente se fait pas une piste gravel (voir VTT) dans la forêt. Je perds mes compagnons de route dans cette longue descente technique où je verrai une chute et un pneu explosé. Je repars seul en bas de la descente pour le Ballon d’Alsace. Le col est roulant, entre 5 et 6%, ce qui permet de ne pas se mettre dans le rouge. Le sommet est tout simplement somptueux. Les parapentes s’amusent dans le ciel, la route serpente au milieu d’une étendue de prairie et un chalet marque le sommet.

J’enfile un coupe-vent et bascule dans la descente. En bas, je sens que je manque d’énergie. Le petit-déjeuner n’a pas suffi. Je mange, m’hydrate, passe de la crème, retire ma veste. Me sentant remis à neuf, je peux repartir sur la toute petite route forestière qui mène au col du Page. Puis le Marstein, une longue montée de 14km.

S’en suit la magnifique route des crêtes. Les paysages vosgiens sont somptueux. Les grandes Forest, les grandes collines et vallées, de petits lacs. Après 50km à 1000m d’altitude, on plonge dans la vallée pour descendre sur 40km jusqu’à Sélestat. On finit sur une petite voie cyclable avant de rentrer le très joli centre ville.

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BTR jour 5 : Sélestat – Metz

200 KM / 2 600 M D+

La première heure se déroule sous un doux soleil. L’itinéraire suit la route des vins d’Alsace. Les vignes nous entourent et les routes parcourent les vallons de petits villages en petits villages. L’architecture devient très typique de l’Alsace avec des maisons mansardées et des murs de couleurs jaune ou crème. 

Nous atteignons ensuite le Mont St Odile après une longue montée en forêt. Ce n’est qu’arrivé tout au bout de l’impasse qui mène au monastère que l’on peut profiter du panorama malgré le ciel couvert. J’y retrouve Luc Royer et les frères Naito avec qui je repars une nouvelle fois pour une centaine de kilomètres.


Les roues de cette BTR auront parcouru de nombreux cols, mais c’est déjà l’heure du dernier sommet avec le Col du Donon. La fin du dénivelé n’est pas forcément une bonne nouvelle, car nous craignons les longues heures monotones dans les plaines. Les villes et les occasions de manger se font rares. Nous nous arrêtons au restaurant à Sarrebourg pour manger des spécialités de la cuisine locale.

L’après-midi se résumera à des enchaînements de vallons et de faux plats, en ligne droite, au milieu des champs de blé. Notre quatuor fonctionne à merveille et chacun passe des relais pour faire défiler les kilomètres.

Arrivé à Metz, je suis reçu comme un roi chez un cycliste adepte des diagonales de France et d’Europe. Avec sa compagne, ils accueillent également via Wharlshower, une jeune kayakiste qui sortait d’un week-end de compétition à Metz. Douche, lessive, repas gargantuesque et une bonne nuit de sommeil permettent de repartir dans des conditions idéales pour la dernière et longue étape vers la Picardie.

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BTR jour 6 : Metz – Laon

230 KM / 2 100 M D+

La feuille de route annonce 233km pour seulement 1700m de dénivelé. Nous décidons donc de partir en peloton à 6h30 de la cathédrale de Metz. Le petit peloton se sépare rapidement en deux groupes avec les deux premières longues côtes de la journée. Dénis et Éric (les 6000km), Andrea, et Elie (né en 2002), nous partons en éclaireur. Un premier arrêt boulangerie permet de bien lancer la journée.

Nous arrivons sur les champs de bataille de Verdun. Des panneaux d’entrée et de sortie de village indiquent les lieux ou des villages existaient avant d’être complètement ensevelis sous les bombes. Des abris, tunnels, réservés à munitions peuplent la forêt. On imagine, même si on doit encore être loin du compte, l’horreur de cette bataille. Au sommet d’une colline, le majestueux sanctuaire rend hommage aux hommes qui ont perdu la vie pour défendre la liberté. L’ossuaire de Douaumont, le cimetière militaire, nous plonge dans un sentiment de respect. La présence d’un militaire ayant servi au combat et la pluie, donnent une dimension encore plus forte à cette atmosphère particulière.

Nous redescendons. Nouvel arrêt boulangerie pour recharger les batteries. Tandis qu’un pont en travaux bloque notre trace, nous empruntons une voie verte, qui devient rapidement gravel, puis une prairie. La portion n’étant pas technique, tout le monde s’amuse dans ce parcours off-road. Nous retrouvons ensuite un chemin de halage et notre route.

La route qui suit est faite de vallons. Nouvel arrêt boulangerie pour manger avec Denis et Eric (les « 6000 » du BTR Tour). Les vallons ne font que quelques centaines de mètres, à moins de 5%, mais répéter des dizaines et dizaines de fois, à la longue, le groupe se sépare.

La fin d’étape s’éternise, 180km, 190km, 200km, 210km, 220km, 230km. La cathédrale de Laon est en vue. Elle trône, au sommet d’une colline qui semble elle-même trôner au milieu d’une immense plaine. Une petite route serpente de la ville nouvelle en bas, vers la vieille ville en hauteur. Enfin, la cathédrale. Elle vient marquer la fin de cette étape de 240km, mais surtout la fin de cette Born to ride. Déjà !

Un dîner nous réunit en fin d’après-midi et permet de faire la passation avec les participants de la BTR suivante. Puis le Train et le retour à Paris, avant de revenir à Somain le lendemain pour accueillir Dénis Morino à l’usine lors de son étape Laon-Roubaix.

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Cette aventure s’achève avec une seule idée en tête, revenir l’année prochaine. Merci à mon Graxx de m’avoir amené à destination en toute sérénité. Merci à Luc Royer pour l’organisation et surtout pour la philosophie bienveillante de cette épreuve. Loin des chronos et des performances, c’est un voyage à travers la France, à la découverte de ses paysages, son architectures, sa cuisine, et ses habitants.

Récit par : Quentin GUIGNARD

Initialement publié sur Camminus.cc

Le vélo de Quentin

Born To Ride BTR - Graxx Origine

Pour cette Born to Ride de 1 200 km, Quentin utilisé un Graxx, équipé d’un groupe Shimano Ultegra et de roues Prymahl Vega C35. A l’aise sur la route comme sur les chemins, il filtre les irrégularités de manière exceptionnelle et son cadre carbone ultra technologique lui procure des performances qui n’ont rien à envier à nombre de modèles route.

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