Interview de Nicolas Henard, double champion Olympique, avant le BikingMan Corsica

De passage à l’usine avec deux de ces six vélos Origine, le double champion olympique Nicolas Henard prend le temps de répondre à nos questions avant le BikingMan Corse.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Nicolas Henard, j’ai 59 ans, je suis né à Calais et je suis double champion Olympique de Voile, avec des médailles d’or au Jeux de Séoul en 1988 et 1992 à Barcelone.  C’était en Tornado, le catamaran de sport, qui était un peu la Formule 1 des bateaux, avec un bateau très rapide, en duo. 

Puisque mes équipiers n’étaient pas les mêmes, cela fait de moi, le seul double médaillé olympique français en voile. Et cela me place dans le club d’une dizaine d’athlètes français qui ont deux titres consécutifs aux JO, toutes disciplines confondues. Je suis sûrement le moins connu de cela, puisque la voile olympique est peu médiatisée, moins que la course au large.

En complément de cela je suis également Champion d’Europe, Vice-champion du monde (1988), et Champion de France, sur une carrière qui a duré un dizaine d’années en équipe de France.

Champion Olympique

Après les JO de Barcelone, j’ai eu la chance de rentrer à HEC. Depuis 1994, je dirige des entreprises, notamment dans le service et l’assurance. Je travaille dans le Nord depuis plus de 15 ans, après être passé par Paris pour le travail.

La reprise des études a marqué la fin de ma carrière en voile. La pratique compétitive a alors laissé la place à la croisière. J’avais acheté un bateau, fabriqué également dans le Nord, pour faire de la grande croisière avec nos 5 enfants. 

En 2016, j’ai été élu pour un mandat de 4 ans à la tête de la Fédération de Voile. J’étais président bénévole d’une grande fédération sportive (10ème fédération française en nombre de licenciés) et chef d’entreprise en parallèle.

maroc gravel

Comment es-tu venu au vélo ?

Avec ce rythme de vie et de travail, j’avais pris beaucoup de poids. Puis, j’ai eu une prise de conscience, avec notamment un copain qui m’a dit « fais du vélo comme moi, tu verras, c’est super ». Avec un passif d’aviron également, cela me convenait bien de faire un autre sport porté. 

Après un premier vélo acheté d’occasion un peu “vintage”, un copain m’a parlé d’Origine. J’ai écrit et puis je suis venu pour commander un Axxome 350, de la couleur de ma voiture de sport de l’époque.

Avec mon Axxome 350, je me suis vraiment pris au jeu. J’ai commencé à me fixer des objectif, puisque je suis comme ça dans la vie, que ce soit personnel ou professionnel. Le Tourmalet, les Cinglés du Ventoux, etc. Je me suis vraiment régalée. 

Puis, j’ai été en contact avec David Deledicque quand je cherchais un Axxome GTR pour moi et un Axxome 250 pour mes enfants. Puis, j’ai acheté un Graxx pour tester le gravel. Cette année, j’ai fait les classiques mythiques en cyclosportives, comme Liège-Bastogne-Liège, avec le Fraxion.

Comment es-tu venu à l’ultra-distance ?

À force, j’ai voulu tester la longue distance. Pour voir où cela mène. J’ai pris un entraîneur pour m’aider à me préparer. Je dois en être à 10 000 km sur les cinq premiers mois de l’année. Il me suit avec un programme à l’année, un logiciel de suivi, et des tests d’effort pour suivre l’évolution de ma FTP.

Je suis également en contact avec un préparateur mental, qui ont été très impliqué dans la course au large. Ils sont experts notamment sur la gestion du sommeil et les micro-siestes. 

J’ai donc testé à l’entraînement, sur un 300 km, en partant à 15h et en rentrant à 7h du matin, que 30 minutes de siestes toutes les six heures me convenaient bien.

Pourquoi le BikingMan ?

Puis, Rémi Lefevre (dirigeant d’Origine) m’a parlé du BikingMan. Et puis je me suis dit que c’était le format d’épreuve qui me convenait, en autonomie complète. Je n’ai pas prévu de dormir en camping, mais de me débrouiller sur la route. J’ai envie de tester l’expérience. Tant que je suis en bonne santé, c’est l’occasion d’aller chercher ses limites, sans prendre trop de risques au niveau du sommeil.

Après les cyclosportives (notamment celles des Flandres), les sorties club avec le RC Cominois, le gravel avec mon épouse, j’ai même testé le cyclisme sur piste, l’ultra-distance était la suite logique. L’idée est de voir où cela mène et d’apprendre sur moi-même.

BikingMan Gravel

Photo : David Styv | BikingMan

Quels parallèles fais-tu entre le monde du vélo et celui de la voile ?

Que ce soit dans le sport en général, ou dans le boulot, j’ai toujours eu une approche très structurée, avec des objectifs intermédiaires. Un projet mène à un autre. Par exemple, LBL était un point de passage pour valider la préparation pour le BikingMan Corse. 

Après le BikingMan, début juin, je vais à l’École Nationale de Voile, pour essayer d’intégrer le défi Français de la Coupe de l’America. Ce sont des bateaux qui naviguent sur des foils et nous n’avons pas le droit d’avoir d’énergie fossile à bord. Dans le temps, c’était des gros bras qui bordaient les voiles. Maintenant, ce sont des gars qui sont sur des vélos fixés à la coque en carbone, pour recharger des pompes hydrauliques, qui permettent de gérer les voiles et les foils. Les moteurs sont humains, avec des cuisses. Le défi français cherche donc des FTP élevées à vélo. 

À 60 ans, je suis content de sortir 350 watts en FTP. Il y a des jeunes qui sortent des FTP au-delà de 450 watts. Entre mon expérience gestion de projet, de voile et mes watts, est-ce que j’aurais ma place par rapport à des plus jeunes, plus puissants mais moins expérimentés.

Il y a toujours quelque chose de prévu après. J’ai toujours quelque chose de plus ambitieux derrière un projet. Mon idée est d’avoir “un rêve d’avance ». Ainsi, l’aboutissement d’un projet n’est pas une fin en soi, mais le point de passage vers quelque chose d’autre de plus ambitieux. 

 

Quel est ton objectif sur le BikingMan Corsica ?

D’un côté, j’ai l’envie d’être finisher et de se contenter de ça. De bien gérer, sans partir trop vite. Mais à la fois, j’ai envie de le faire le plus vite possible. 

J’ai fait des sorties de 500 km et 9 000 m D+, avec près d’une centaine de monts des Flandres pour avoir le dénivelé. Et j’arrive à tenir 20km/h de moyenne sur les heures roulées. La question est donc de savoir si j’aurais la capacité d’enchaîner 2 fois ces 500 km, puis de gérer le sommeil. Si j’arrive à tenir 50 heures de selle et quelques arrêts, je peux faire quelque chose. Donc j’aimerais le finir en moins de 3 jours, si possible sans passerla troisième nuit. En visant 170 watts moyenne, pour 20 km/h avec un Graxx à 11 kg, je pourrais viser les 60 heures au total. 

Nicolas Henard

Quel est ton matériel pour cette aventure ?

Je me suis imposé un litrage de bagage. J’ai, par exemple, testé un sac de couchage en aluminium pour les arrêts de 30 minutes. Cela m’évite de prendre un drap de soie. Niveau tenu, je prends 3 cuissards pour pouvoir alterner. Si je m’alourdit, ce ne sera qu’avec de l’eau ou de la nourriture. Par contre, je ne fais aucune concession à la sécurité : crème solaire, crème anti irritation. Comme pour la voile, on ne rigole pas avec la santé.  

Pour le vélo, j’ai choisi le Graxx qui est bon partout. Du chemin de VTT avec des gros pneus, aux cyclosportives à pavés, l’hiver sur route, je n’ai jamais de problème de confort. Pour les routes Corse, j’ai opté pour les pneus de 32 mm en 4 saisons. Il est équipé en Shimano 105 pour rester simple.

Partagez cet article

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

Abonnez-vous à la newsletter