Compressions nerveuses au membre supérieur à vélo | « L’œil du doc »

Quand on évoque le confort à vélo, une des plaintes fréquemment retrouvée chez les
pratiquants est la survenue de troubles sensitifs dans les mains et les doigts. A quoi
correspondent ces symptômes, quelles sont leurs raisons anatomiques et comment les
prévenir ? Abordons un phénomène fréquent qui touche aussi bien le cycliste amateur
que les plus chevronnés : les compressions nerveuses à la main et au poignet.

Compressions nerveuses à la main et au poignet à vélo : de quoi parle t-on ?

Il est fréquent chez les cyclistes de voir apparaître des symptômes à type de fourmillements ou d’engourdissement des doigts. 

Ces symptômes neurologiques s’expliquent  par une compression ou un étirement des nerfs au niveau de la main et du poignet :  c’est ce que l’on appelle des neuropathies ulnaire ou médiane.  

La neuropathie du nerf médian correspond à une compression de celui-ci au niveau du canal carpien : tunnel anatomique dans lequel il chemine au poignet.  Ce nerf médian assure l’innervation sensitive du pouce, de l’index et du majeur mais également l’innervation motrice des muscles de la base du pouce. Sa compression peut donc provoquer des symptômes dans ces territoires : engourdissement, picotements ou paresthésies, et jusqu’à l’anesthésie transitoire. Les cyclistes présentant déjà un syndrome du canal carpien peuvent également être touchés par une aggravation de ces derniers. 

La neuropathie ulnaire (1) au niveau du poignet correspond à une compression du nerf ulnaire dans le canal de guyon, situé au poignet sur le bord interne. Le nerf ulnaire innerve les quatrième et cinquième doigts et les muscles intrinsèques de la  main qui lui donnent force et stabilité. Sa compression provoque donc des fourmillements dans les quatrième et cinquième doigts de la main pouvant aller jusqu’à une anesthésie transitoire.

Les facteurs favorisant les douleurs aux mains à vélo

  • Un mauvais positionnement sur le vélo conduisant  un appui exagéré sur des membres supérieurs et donc une hyperpression au niveau des poignets : une inadaptation de la largeur du cintre, du reach et du stack* global du vélo peuvent favoriser la  survenue de symptômes de compressions nerveuses.
  • Les vibrations répétées (4) provoquées par une route dégradée, une pression inadaptée des pneus,  sont autant de facteurs pouvant conduire à ces symptômes. Il est démontré que la répartition des vibrations entre le poste de pilotage et la selle est inégale, soumettant le cintre et donc les mains à une intensité vibratoire 2,2 fois supérieure qu’au niveau de la selle.
  • La pratique du vélo en longue-distance et bikepacking est associée à une incidence plus élevée des signes de compressions nerveuses à la main (2, 3) : 70% d’atteintes neurologiques sur les épreuves de plus de 60 heures.

La prévention de ses symptômes de fourmillements

  • Optimiser l’ergonomie et le positionnement sur le vélo,  obtenir une position équilibrée avec une bonne répartition des appuis  entre des membres supérieurs et la selle. N’oublions pas que 60% du poids du corps est réparti entre les ischions et les deux mains.

File:Ischium 03 anterior view.png - Wikimedia Commons

Les ischions en rouge sur le schéma

  • Le choix consciencieux des périphériques tels que la potence, le cintre, la hauteur du poste de pilotage,  permet de définir une position adaptée et confortable. Déterminer la position idéale en prenant en compte l’ensemble des données anthropométriques* du cyclistes, sa pratique et ses attentes permet d’améliorer les performances et joue un rôle essentiel dans la prévention des blessures.

  • L’utilisation de pneus de plus grandes sections associée à des pressions plus basses, en tubeless idéalement, permet  de diminuer les phénomènes vibratoires.
  • Encourager le port de gants , utiliser une guidoline en bon état et épaisse.
  • Penser aux changements fréquents de position des mains sur le centre. Le choix d’un cintre ergonomique ou compact permettant de varier les positions fait partie des éléments simples de prévention.
  • La pratique d’étirements est recommandée de manière générale.

 

Chez Origine, les ingénieurs et le bureau d’étude se mettent au service du cycliste en proposant une approche centrée sur l’individu. En tant que médecin et traumatologue, j’ai le privilège d’échanger avec les équipes techniques pour que nous comprenions mieux les besoins et les spécificités de chacun.

Du Fraxion au Help, le confort est le dénominateur commun des gammes Origine : la personnalisation de chaque vélo permet de répondre aux besoins des pratiquants, de s’adapter à leur anatomie ou leurs pathologies préexistantes. Prévenir les blessures en prenant en compte les spécificités individuelles est une volonté inscrite dans l’ADN  de la marque. 

*L’explication technique : 
Reach et stack : ces deux paramètres sont les éléments essentiels de la géométrie d’un cadre , il représente respectivement la longueur et la hauteur du haut du tube de direction par rapport au boîtier de pédalier, ils sont l’avantage d’être comparables entre différents modèles. A partir de cela, la géométrie globale peut être adaptée plus finement au cycliste en modifiant la longueur/hauteur de la potence, le type de cintre, etc.

    reach stack vélo

    Dr Olivier Tostain
    Chirurgien orthopédique

    Chirurgien orthopédique dans le groupe Nord genou, à Lille, il est spécialisé dans la chirurgie du genou chez le sportif. Il prends en charge les lésions ligamentaires (rupture des ligaments croisés), méniscales et les pathologies dégénératives de l’adulte.  Cycliste depuis de longues années sur tous les terrains et passionné de technique, nous sommes fiers de collaborer avec lui pour bénéficier de son expertise scientifique et de son analyse sur les sujets vélos et santé.

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    Définitions

    * Étude de la variation et de la diversité biologique des êtres humains à la surface de la Terre et au cours du temps

    Références

    1. Brubacher, J. W. & Leversedge, F. J. Ulnar Neuropathy in Cyclists. Hand Clin. 33, 199–205 (2017).
    2. Akuthota, V. et al. The effect of long-distance bicycling on ulnar and median nerves: an electrophysiologic evaluation of cyclist palsy. Am. J. Sports Med. 33, 1224–1230 (2005).
    3. Patterson, J. M. M., Jaggars, M. M. & Boyer, M. I. Ulnar and median nerve palsy in long-distance cyclists. A prospective study. Am. J. Sports Med. 31, 585–589 (2003).
    4. Crequy S. Analyse accéléromètrique pour l’optimisation de la performance et la prévention des risques en cyclisme .These de doctorat. Reims; 2015

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